Poèmes Festival Cri de Femme 2013 Paris France
Festival Cri de Femme 2013 à
Paris, organisé par Nefta Poetry, ambassadrice
Nèfta Poetry
Bris de Nil
Cette
gorgone aux traits calleux
Que
la glace polie réfléchit
Mais
… qui est-ce ?
Derrière
ce faciès en ruine
Bosselé
de combes et de combles
Affaissé
en creux et en saillies
Un
visage malheureux, de pierre.
Décroissant,
des enfonçures de son front
Aux
creusures de ses joues
A
l’effondrement de sa mâchoire
Pendante,
tombante, succombante…
Ses
yeux constellés d’étoiles rouges. Vives.
Ce
ne sont pas des étincelles
Mais
des vaisseaux, des nefs sanguines.
Cette
gorgone aux traits calleux
Que
la glace, fut-elle concave, réfléchit
Mais…
qui est-ce ?
Cette
étrangère qui retranche mes souvenirs…
Sa
seule vue, d’une entière vie,
Mes
pensées, ampute…
Trichoma,
elle a le cheveu gras
Des
tifs, rebelles et rétifs…
Qui
est ce corps à l’abandon ?
Dont
le miroir me laisse une sale impression
Dont
la surface renvoie une sale imitation
De
moi… ?
Quelle
est cette poupée désarticulée ?
Au
teint fuligineux
Au
regard brumeux
À
la peau brouillée
Au
souffle fumeux
Aux
contours obscurs
À
l’air rapiécé
Gonflée
de bleus…
Moi… ?
Moi…
Avant
j’étais un Nil
Un
fleuve d’abondance
J’étais
paisible. Tempérance.
Me
contempler c’était atteindre l’Empyrée.
J’étais
un havre, un port de paix
Mon
corps. Libre. Exempt de chaines
Mais
il arriva tel un mordant hiver
Qui
me glaça le sang
Qui
me glaça de peurs
Au
goutte à goutte, toxique infiltrat
En
ma psyché
Angoisse !
Psychose !
Terreurs !
Psychique
défaite
En
moi c’était l’Arctique
Qui, Balkanisé, se morcelait
Et
ma rivière gelée
Fut
réduite en bris de Nil…
Sur
moi, je pleure ce ça en moi
Prise
aux fers en mon sein
Grippés
les vices de mes reins
Ce
corps agonique agonis de malheurs
Ce vagin cynique lacéré de douleurs
Disparue,
l’enfant qu’elle éleva
Ma
mère-courage
Ma
mère-adage
« Aime
un homme qui t’aime
Pas
un homme que tu aimes… »
Maman
où es-tu ?!
Je
ne m’y retrouve plus !
Delirium
Tremens sous sa coupe
À
force de roustes et de beignes
Pourtant
je n’ai pas la chatte teigne
Pour
qu’il me filât tant de châtaignes… !!
L’Homo Neandertalensis… Contendant !
L’Homo Sapiens…. Hypnotisant…
L’Homo
Sexus… Pilonnant !
Frugales
amours de ce singe nu…
Moi…
Avant
j’étais un Nil
Un
fleuve d’abondance
J’étais
paisible. Tempérance.
Me
contempler c’était atteindre l’Empyrée.
J’étais
un havre, un port de paix
Mon
corps libre exempt de chaines
Mais
il m’enveloppa tel un mordant hiver
Qui
me glaça le sang
Qui
me glaça de peurs
Au
goutte à goutte, toxique infiltrat
En
ma psyché
Angoisse !
Psychose !
Phobique!
Mentalement
défaite
En
moi c’était un Arctique
Balkanisé,
morcelé
Et
moi, rivière tarie
Réduite
en sable du Nil…
Pourtant
elle l’aime ce singe nu…
Souvent
luminescent, l’homme de Florès
À
qui elle donnerait sa flore à fleurer
Floune
flirtant livrant sa fleur à déflorer…
Mais
non à défleurir !
Ni
son ventre à pourrir !
Pour
à ce point manquer de flair
Il
fallut que son odeur musquée soit enivrante
Elle
était ivre de lui, ivre de son aura aveuglante
Dans
une cécité existentielle dont la densité avait
Force
de loi… Aveugle à tout…
À
la fois état et séquelle…
Mais
je dis « Elle »
Que
ne dis-je « je » ?!
Car
en moi vit-elle
Comme
moi en elle…
JE …
Je
me sentais cloche à être trop sonnée
Trop
assommée ! Cognée ! Sifflée !... Au pied !
Perdant
le fil de ma propre pensée
Mon
histoire, entre parenthèses, embrumée…
Je
ne suis personne… à moi-même aliénée…
Alors
qu’aux prémices de nos amours
Charnelles,
assoiffées, enragées !!
Il
en était bouleversant
À
m’en chavirer d’extase
À
me tournebouler, désorientée
À
chaque orgasmique baiser
À
m’en remuer les tripes !
Ces
mêmes tripes qu’il se plut ensuite
À
saigner, à me les étaler
En
vomissures…
Comment
jadis ces lèvres succulentes
Qui
susurraient sa jouissance à mon oreille
Étaient félicités pour ma peau-nectar
Peuvent-elles
accueillir la cruauté
Des
noms d’oiseau dont il sait m’affubler ?
Comment
ses mains jadis flattant mes courbes
Protectrices,
m’épargnant l’ennui, suaves, jamais fourbes
Peuvent-elles,
les doigts serrés en un poing,
S’abattre,
ces massues, sur mes reins
M’évanouir
en strangulations ces serre-joints ?
Comment
Comment… ?
Ma
peau de brocart, de tussah
Ma
chute de rein, vertigineuse
Mes
bras graciles, qu’il disait…
Et
le bleuissement de martyres
Les
abrasions des vaginales tortures
Qu’il
m’inflige… ?
De
l’Eden à la Géhenne…
Moi
…
Avant
j’étais un Nil
Un
fleuve d’abondance
Paisible
tempérance
Un
havre, un port de paix
Et
ce mordant hiver
Qui
me glaça le sang
Qui
me brisa les os
Je
l’ai fui…
J’ai
fondu en larmes
Dégoulinant
ma peur
Jusqu’à
l’apaisement
Rassemblant
mon être Feu continent noir
Je
ne suis plus qu’une île
Mais
en moi la vie encore se meut
Son
cours reprend…
Son
flot d’espérance Je suis un Nil…
Marc
Alexandre OHO BAMBE
Etre une
femme
C’est être
Capable
De s’émouvoir
De la beauté
D’un coucher de soleil
Même sans lendemain
C’est être
Capable
De croire
A la liberté
Resplendissante
Comme un joyau vermeil
Idéal pour lequel
Certaines sont tombées en chemin
Etre une femme
C’est être
Capable
De voir
Dans
le regard de l’Autre
Un
autre soi
Un
autre chemin de croix
Peut-être une autre foi
Ni plus ni moins condamnable
Ni plus ni moins acceptable
Juste autre
C’est être
Capable
D’aller au-delà des apparences
Et reconnaître
Différences et ressemblances
Qualités et défauts
Qui participent à la définition de l’être
Féminin
Humain
Par essence
Humain
Par existence
Je dirais même humain
Par
excellence
Etre une
femme,
C’est être finalement
Un Homme
comme les autres
Capable
De lutter
Pour ses convictions
Contre ses addictions
Pour ou contre ses contradictions
Capable
De résister
A toute forme de prêt-à-penser
A toute organisation
Qui voudrait nous aliéner
A
tout système
Qui
voudrait nous empêcher
D’aller puiser au fond de nous-mêmes
Le cœur, le courage et la rage
D’accoucher de nos quêtes
Et de nos errances
Etre une femme,
C’est être
Capable
De persévérance
D’irrévérence
D’impertinence
De faire des choses sa propre expérience
Et quoiqu’il en coûte
Malgré les doutes
Ne jamais enterrer l’espérance
Etre une
femme c’est être
Finalement
je le répète,
Un Homme
comme les autres
Capable
D’avoir le courage d’accepter
D’encaisser
De prendre et rendre les coups
Capable
D’avoir le courage d’accepter
D’être traité de barge
Vivre en marge
Prendre le large
Et assumer
L’existence qu’on a choisie
Les épreuves qui pleuvent
La mort l’amour la vie
Qui Violemment
Passionnément
Frénétiquement
Rythment notre passage
Sur cette terre de joies et de larmes
Etre une femme
C’est être
Capable
D’accepter
Qu’on traversera des orages
Qu’on se noiera peut-être
Dans des océans de drames
Mais qu’il faudra combattre et se battre
Pour survivre à tout ça
En s’accrochant à sa flamme
Et à tout ce qui peut dans une existence
Même mal vécue
Retenir l’envie
Quand j’étais petit homme,
Ma grand-mère disait
Que ce qu’elle avait
De plus vivant
En elle
C’étaient ses enfants et petits-enfants
J’ai compris des années-lumière plus tard
Toute la portée de cette pensée
…
Etre une femme
C’est être
Capable d’assumer les choix
Qu’on a fait à deux
Malgré les désirs brûlants
Et les tourments passions
C’est être
Capable d’éprouver de la compassion
De ressentir le désarroi d’autrui
Parce qu’on arrive à se mettre à sa place
Et qu’on comprend ce qui le détruit
A la poursuite
De mon destin et de mes rêves assassins
J’ai brisé des cadres et mis le feu
Aux attitudes convenues
Aux idées reçues
Mais aussi à ma vie
Je me suis shooté à mort
Et peut-être à tort
A mon art
Pour en connaître l’ivresse
Et la mystique magie
Et même si
Tout ça était un chemin
Qui ne mène nulle part
Je me dis
Que c’est ça
aussi
Peut-être
Etre une femme,
Ou un homme
Capable ou coupable
D’oser prendre le temps
De caresser des instants
De solitude en altitude
Se perdre là-haut
Dans les méandres de sa pensée
Dans le désordre de ses mots
Assis sur du vent
Ou sous un arbre centenaire
Méditer et réfléchir au non sens de sa vie
Etre capable de douter de sa propre foi
Etre capable de renoncer à tous ses droits
Sauf celui d’AIMER
Eperdument à
corps et à cris
Etre capable de reconnaître ses peurs
Et d’affronter ses erreurs
Etre capable de demander pardon
Pour le mal qu’on a fait
Pardon
Pour tout ce qu’on a mâle fait
Et si
Etre un homme c’est aussi
Etre une femme
Coupable ou capable
De survivre
Libre
Capable ou coupable
D’écrire
Coupable ou capable
De dire
Toujours à cœur ouvert
Alors
oui
De toute la force et la faiblesse de mon être
Je suis une femme
Dédié à Jeannette
« Mouna Coucou » ma mère veilleuse, merveilleuse femme de lettres qui
m’a transmis l’amour des mots, ce texte est une lettre ouverte à mes enfants,
dont les sourires et les rires repoussent les ténèbres…
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